Ghassan Tueni

Prestige N°6 Nov. 1993

Ghassan Tueni

Est-il possible de rendre visite à GhassanTuéni, sans quitter avec un livre sous le bras? Sa bibliothèque est des plus impressionnantes. A l’image de son père qui dut vendre ses obligations à la Banque Misr afin de lui permettre de poursuivre ses études aux Etats-Unis, Ghassan fit le sacrifice de se séparer de précieux manuscrits pour envoyer son fils Makram se spécialiser à Harvard. La vie s’est offerte à GhassanTuéni, dans tous ses excès, avec ses joies et ses amertumes. Gâté par les succès, il demeure marqué par la perte, l’un après l’autre, des êtres les plus aimés.

«Je suis un homme qui a pris sa retraite politique, sans pour autant renoncer à une certaine présence, par l’écriture… mais avec un grand amour: Balamand et son université. Me décrire, comme certains le font, comme un «monument», c’est faire injustice à l’histoire de ma profession. C’est aussi ignorer combien était riche l’histoire récente d’un Liban que l’on veut vite enterrer. Nous sommes une nation chez qui le traumatisme de la guerre a crée un phénomène de haine artificielle pour son Histoire, de méfiance à l’égard de son héritage. Or, on ne fait pas une nation sans Histoire. On ne fait pas un avenir sans passé et on ne crée pas une constitution, dans le sens profond du terme, sans qu’elle ne s’enracine dans les traditions politiques et les aspirations des générations qui se succèdent. L’Histoire retient davantage le message de la mémoire que le visage de ceux qui essaient de l’effacer. De l’autre côté de la mémoire, il y a la mort mais seuls les assassins en ont peur. Ceux qui meurent, même assassinés, plusieurs parmi mes collègues et mes amis sont partis ainsi, se retrouvent de l’autre côté de la mémoire tellement supérieurs à ceux qui sont restés. Il faut savoir côtoyer la mort et habiter déjà sa propre mémoire pour pouvoir survivre tous les jours à son propre assassinat et l’attendre sans peur, parce que sans reproche».

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© Bassam Lahoud

Ghassan Tuéni raconte, Marcelle Nadim prend note

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© Archives An-Nahar

Gebran Tuéni, alors qu’il était ministre de l’éducation, mit en exécution le décret signé par son prédécesseur Dr Spiridon Abourrousse, stipulant l’adoption du baccalauréat libanais comme aboutissement des années d’études secondaires.

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© Archives Ghassan Tuéni

Rédacteur en chef à 21 ans, éditorialiste des plus prolifiques, Ghassan Tuéni raconte: « De Charles Malek, j’acquis, outre la philosophie, la généalogie de la pensée et la dialectique. Antoun Saadé m’apprit la foi en une doctrine et l’esprit de discipline. De mon père, j’appris toutes les autres choses».

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© Archives Dar Assayad

«Il existait de la camaraderie entre les journalistes. Ils ont toujours su se retrouver, se respecter mutuellement, accepter que l’on diffère, que l’on mène une polémique violente sans pour cela s’insulter. La critique peut porter davantage quand elle est habillée, sinon de courtoisie, du moins d’un certain respect. Vous attaquez l’acte, non pas la personne».

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© Archives An-Nahar

La belle époque: lors de l’élection de Miss Europe au Casino du Liban. Kamel Mroué, Nadia et GhassanTuéni et Salma Mroué. Kamel Mroué, père de la presse moderne, fut le journaliste le plus proche de Gebran puis de Ghassan Tuéni. Mroué refusait de succomber au piège tendu au journaliste par la politique, il reprochait à Ghassan d’avoir accepté d’être journaliste et politicien à la fois. La différence entre Mroué et Tuéni, c’était chez le premier sa passion des nouvelles, la passion de l’opinion chez l’autre.

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© Archives Ghassan Tuéni

En 1958, en visite au Liban, Mohammed Hassanein Haykal voulut faire la connaissance de GhassanTuéni, le journaliste qui s’opposait à Abdel Nasser. Du dîner résulta une amitié malgré les divergences d’opinions. De retour au Liban, il assista à une réunion de la rédaction au An-Nahar et ne pouvait pas croire qu’autour de cette même table, étaient prises les décisions d’élire plus d’un président libanais en présence de députés et de ministres avec la participation de journalistes. Que la presse soit artisan du pouvoir était une chose surprenante pour la presse égyptienne devenue elle-même expression du pouvoir.

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© Archives An-Nahar

«Pendant les événements de 1958, je rendis visite à Kamal Joumblatt dans son village à Moukhtara. L’on pensa, vu mon retard, que j’étais porteur d’un message politique important susceptible de résoudre la crise; en fait, nous ne faisions que parler de philosophie. J’étais adepte de la philosophie grecque alors qu’il était partisan de la philosophie hindoue».

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© Archives An-Nahar

Ministre de l’Information, GhassanTuéni innova, en 1970, le concept de la démocratie télévisée: les débats de la chambre qui furent passés en direct à la télévision, les tables rondes avec les syndicats des étudiants pendant la crise estudiantine. C’était la première fois que les jeunes avaient l’occasion de discuter avec le ministre de leurs doléances.

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© Ghassan Tuéni

Témoin direct page par page de «l’âge libanais», GhassanTuéni ambassadeur aux Nations-Unies, est le promoteur de la résolution 425, adoptée en 1978, par le conseil de sécurité, stipulant le respect de la souveraineté du Liban et l’envoi de forces des Nations-Unies au Sud-Liban pour le maintien de la paix.

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