Julien Marchenoir

Prestige N° 285, Juil-Août-Sept. 2017

 

Julien Marchenoir, imprégné de 260 ans d’histoire de la Maison horlogère Vacheron Constantin, retrace à Prestige les extraordinaires compétences artistiques des maîtres artisans de la Maison, et parle de leur dernière création, un chef-d’œuvre horloger qui réunit complications et innovations techniques.

 

Julien Marchenoir, Directeur de la stratégie et du patrimoine chez Vacheron Constantin. © Vacheron Constantin

 

«Vacheron Constantin conjugue tradition et avancées techniques»

 

Que pensez-vous de ces vingt dernières années de l’horlogerie? En tant que directeur de la stratégie et du patrimoine de la Maison, j’ai la chance de découvrir une histoire de plus de 260 ans. Le marché horloger s’est extrêmement développé ces vingt dernières années. Depuis 1997, il y a eu une évolution fondamentale de la taille des montres, de la lisibilité du cadran et de la valeur intrinsèque des pièces. Il y a eu également beaucoup de développements au niveau des mouvements, des complications, des Métiers d’Art et du réseau de distribution.

Qu’est-ce qui, selon vous, ressort le plus de tous ces changements? J’ai commencé dans l’horlogerie il y a 18 ans, dont 12 ans avec Vacheron Constantin. Le 250e anniversaire de la Maison, en 2005, a constitué un fait marquant, une période de révélation de cette marque qui était déjà connue des collectionneurs.  Depuis 260 ans, l’histoire continue avec la capacité à innover. La référence 57260 a éradiqué l’idée que dans l’horlogerie, tout avait déjà été inventé. Je pense que notre principale contribution a été d’avoir participé à la reconnaissance des Métiers d’Art de l’horlogerie.

Que souhaitez-vous pour le futur? De par mon métier, il y a une citation de Winston Churchill qui me revient souvent: «The further you can look into the past, the further you will be able to look into the future.» La Maison Vacheron Constantin est déjà reconnue. Toutefois, il reste encore beaucoup de choses à révéler. Elle recèle d’énormes qualités qui n’ont pas encore été mises en valeur. La Maison s’attache à continuer à construire dans l’avenir en puisant dans son passé.

 

 

Montre traditionnelle répétition minutes tourbillon. © Vacheron Constantin

 

 

La montre Les Cabinotiers Symphonia Grande Sonnerie 1860, est-elle la première grande sonnerie Vacheron Constantin? Il ne s’agit pas de notre première grande sonnerie, mais plutôt de la première fois que nous convertissons une montre Grande Sonnerie en montre-bracelet. Nos premières montres Grande Sonnerie ont été manufacturées au XIXe siècle. Pour être reconnu maître-horloger à Genève et fonder son propre atelier, Jean-Marc Vacheron a dû fabriquer une montre avec un mécanisme à sonnerie, un mécanisme d’alarme. Concernant la 57260, dont le développement a duré huit ans, nous avons essayé d’observer l’histoire horlogère, afin d’offrir une grande sonnerie compliquée mais facile d’utilisation. Ces pièces sont très compliquées et très délicates à manipuler, surtout lorsque l’on sait que l’assemblage des 727 composants de ce calibre prend 500 heures de travail pour notre horloger. Nous avons œuvré pour avoir la grande sonnerie la plus simple d’utilisation qui ait jamais été faite, afin que le client puisse finalement en profiter.

Est-il plus compliqué à faire qu’une répétition minutes? Il y a une grande et une petite sonnerie et une répétition minutes qui sont couplées. Le résultat est beaucoup plus complexe parce que nous devons gérer un mécanisme qui donne l’heure au passage, c’est-à-dire qu’à tout moment, tout le mécanisme doit se déclencher tout seul. Avec la petite sonnerie, seules les heures sonnent, alors qu’avec la grande sonnerie, ce sont les heures et les quarts qui sonnent; à la demande, le client peut avoir l’heure exacte avec la répétition minutes. Le niveau des pièces étant beaucoup plus compliqué à gérer, nous avons voulu élaborer des systèmes de sécurité pour rendre la montre facilement utilisable. Ainsi six systèmes de sécurité ont été développés pour éviter que le mécanisme ne se coince. Ces pièces qui sont uniques et personnalisées, au gré de la clientèle, figurent dans notre collection Les Cabinotiers.

 

 

Les Cabinotiers Symphonia Grande Sonnerie 1860. © Vacheron Constantin

 

 

Que pensez-vous des nouvelles technologies utilisées dans l’horlogerie, que ce soit le silicium ou l’ajout de carbone dans les mouvements, qui bousculent complètement les codes? Nous suivons de très près tous ces développements. D’abord, nous observons minutieusement les réalisations en termes de recherche de nouveaux matériaux. Ensuite, nous nous fixons un objectif pour nous assurer que ce qui sera adopté pour Vacheron Constantin, sera maintenu dans le temps. En d’autres termes, que dans vingt ou cinquante ans, nous aurons toujours la capacité de restaurer une montre. Entre 1755, date du début de l’horlogerie et aujourd’hui, nous pouvons dire qu’en 1839, nous avons nous-mêmes contribué à la révolution industrielle de l’horlogerie. Et ceci, grâce au développement de machines qui ont permis de transformer l’horlogerie d’un artisanat en métier de précision.

Qu’est-ce qui distingue les Métiers d’Art chez Vacheron Constantin des autres marques qui investissent dans ce domaine? Les Métiers d’Art font partie de l’ADN de Vacheron Constantin. L’horlogerie genevoise, telle qu’elle se développait depuis le XVIe siècle,  considère l’objet horloger comme un objet à la fois fonctionnel et d’ornement, très tôt décoré avec de la gravure, de l’émail, du sertissage… Nous portons une montre qui non seulement donne l’heure mais reflète notre personnalité, nos goûts.

Si vous aviez la possibilité de voyager dans le temps, quelle période du développement horloger auriez-vous aimé partager? J’hésiterais entre la deuxième moitié du XIXe siècle, qui a vu une concentration des Métiers d’Art appliqués, un mélange d’artisanat et d’excellence, et les années 20 où l’on a assisté à une mutation de l’horlogerie de la montre de poche en montre-bracelet. Des développements très importants en termes de complications ont eu lieu à l’intérieur de cette dernière, et à la fin du XIXe  siècle, nous avons vu une miniaturisation avec énormément de créativité.

 

 

Montre Patrimony de Vacheron Constantin. Calibre à remontage automatique. Lune de précision, affichage rétrograde du quantième. © Vacheron Constantin

 

 

Et l’astronomie dans cela? L’astronomie a toujours fait partie des grandes quêtes de l’horlogerie. En ce qui nous concerne, elle retrouve particulièrement tout son sens durant cette période de changement, pour deux raisons: d’abord parce que nous assistons à une mutation profonde de la société, où il est toujours bon de s’interroger sur nos racines, ensuite, on dit que l’horlogerie est fille de l’astronomie et que c’est en observant le ciel, les étoiles que l’homme a commencé à imaginer la manière de mesurer le temps. Il nous semble donc important de rendre hommage à l’un des pères de l’astronomie, Nicolas Copernic. Propos recueillis à Genève par MARIA NADIM

 

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