May El Khalil

Prestige issue 287-288, Déc. 2017-Jan. 2018

 

Depuis quinze ans, elle court, construit et développe son rêve, le Marathon. Un rêve qui a pris forme sur son lit d’hôpital où pendant deux ans elle a surmonté avec un courage incroyable, ballottée entre la vie et la mort, une rude épreuve et trente-six chirurgies. Aujourd’hui May El Khalil, pionnière de la culture du marathon au Liban et présidente-fondatrice de Beirut Marathon, court et encourage les citoyens et coureurs du monde entier à participer à l’événement. Objectif? Servir une cause humanitaire et l’économie de son Liban, l’espace d’une journée d’union, de paix et de rassemblement. Une passion contée à Prestige.

 

May El Khalil. © Archives May El Khalil

 

«Le Marathon, pour faire de Beyrouth la capitale du sport et de la paix»

 

Comment est née l’Association Beirut Marathon? J’ai toujours aimé courir, pour garder mon moral et mon physique. En 2001, ma vie a basculé lors d’un entraînement, au Liban, pour participer à un marathon à l’étranger. Un camion m’a heurtée et projetée par terre. L’accident m’a laissée dans le coma. Après deux ans passés à l’hôpital et trente-six chirurgies, j’étais prête à remarcher, mais courir n’était plus possible. Sur mon lit d’hôpital, une idée me donnait l’espoir et la motivation: créer un marathon international pour le Liban. Si j’étais incapable de courir, pourquoi ne pas encourager mes compatriotes à réaliser l’importance de participer à une course d’envergure?

Cela implique une infrastructure et des frais… L’organisation annuelle du Marathon de Beyrouth reste un défi. La culture de la course, en évolution constante, n’attire pas les investisseurs. Le marketing sportif est relativement timide dans cette partie du monde. Nous sommes ravis d’avoir des partenaires qui partagent notre vision. Les fonds proviennent de nos sponsors, pour couvrir les dépenses évaluées à quelque 1.700.000 dollars. Conforme aux standards internationaux, le marathon génère 13 millions de dollars à l’économie libanaise.

Quel plus le Marathon vous a-t-il apporté? Le travail collectif. Durant mon séjour au Nigeria, je m’engageais dans une activité sociale pour collecter des fonds et aider la communauté sur place. Le Marathon est une implication dans un événement pour mon pays, à travers un sport qui me passionne. Il véhicule l’idée d’un événement sportif, et le transcende vers l’unité, le rassemblement et la paix.

Quelle est son importance? Nous aspirons à voir davantage de personnes courir pour des causes, pour une ONG partenaire, où 25% des frais d’enregistrement lui sont alloués. Sur 15 ans, nous avons octroyé 1.300.000 dollars aux ONG à partir des frais d’enregistrement. Nous souhaitons voir plus de héros en course, notamment des jeunes. Le Marathon est devenu symbole de rassemblement à Beyrouth et au Liban. Notre devise «Paix, Amour, Course», nous a permis de réunir toutes les commnunautés, l’espace d’un jour, loin de la religion, de la discrimination et de la politique. Nous voulons faire de Beyrouth la capitale du sport et de la paix, en attirant davantage de coureurs internationaux.

Qu’avez-vous présenté cette année? Nous avons créé le marathon le plus rapide, pour améliorer les records et accueillir davantage de coureurs. Nous avons veillé au déroulement des courses en installant plus de tentes médicales pour toute éventualité.

Qu’en est-il du thème? «15 ans de course», en écho à notre 15e anniversaire. Nous avons remercié tous ceux qui ont contribué à conférer au marathon le grand nom qu’il représente aujourd’hui. Les «15 ans de course…» traduisent 15 ans de don, de partage, de bonheur, d’unité, d’engagement et de volontariat.

Qui participe au Marathon? Nous croyons aux communications humaines. La course est un sport individuel qui inspire les autres à courir. Nous avons visité les villages, la Béqaa, les écoles, les politiciens et les ambassadeurs à cet effet. En 4 ans, notre programme d’entraînement «542» a formé des marathoniens, et notre département média a organisé des campagnes ciblant toute la population, y compris les handicapés, où 22 athlètes ont reçu 22 vélos pour courir.

Le secret du succès? Créer un impact positif dans la vie des personnes. Ma définition du succès a changé à travers les années, j’accumule les expériences pour rester dans la course au succès malgré quelques déceptions inévitables auxquelles je suis confrontée parfois.

 

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Alice Eddé

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