Daad Rizk: «Je me retrouve pleinement dans le comique»

Devenir actrice était son amour, sa passion, son rêve, dès son jeune âge. Et pourtant, c’est sur le tard qu’elle a réussi à concrétiser ce rêve. Avec brio. Daad Rizk a le don de mettre tout son cœur à l’ouvrage, de vivre pleinement son rôle, d’incarner à fond son personnage… Dans son dernier film Wanted, on voit une véritable boute-en-train septuagénaire qui maîtrise cet art unique de faire rire et pleurer à la fois… Un beau bouquet de sentiments que l’actrice partage avec Prestige.

 

 

© Archives Daad Rizk.

 

 

 

Comment êtes-vous venue au monde du cinéma? Toute ma vie, j’ai rêvé d’être actrice. A mon grand bonheur, mon rêve s’est réalisé, un peu sur le tard. J’ai fait mes débuts dans le domaine publicitaire, puis j’ai joué plusieurs rôles dans des feuilletons télévisés, notamment Houroub, le premier, aux côtés de Carmen Lebbos et Youssef el Khal, et Ruby, avec Nada Abou Farhat… Côté cinéma, mon premier rôle était dans le film Sukkar Nabat de Nadine Labaki, et tout dernièrement, j’ai interprété un rôle principal dans Wanted, de Nibal Arakji, qui est toujours en salle.

Racontez-nous votre rôle dans Wanted… Je joue un très beau rôle, sympa et comique, d’une femme âgée qui vit dans un asile. Là, je fais la connaissance de Georges Diab, une histoire d’amour entre nous deux s’ensuit et se termine par un happy end, à l’extérieur de l’asile. C’est le rôle d’une dame spontanée et amoureuse de la vie, qui dévoile cependant un volet humain, pour dire que rien n’empêche une personne âgée, vivant dans un asile de vieillards, d’avoir droit à une nouvelle vie à laquelle elle ne s’attendait peut-être pas.

Et qu’en est-il de Daad, dans la vie? Je suis veuve depuis 26 ans, et la mère de deux garçons et d’une fille qui ont ma priorité absolue. Je les ai élevés dans la dignité, l’amour l’un pour l’autre, l’amour du prochain et l’amour du partage. Chaque friandise aussi menue soit-elle, devait être partagée à égalité entre les trois. C’est ainsi qu’ils ont grandi, unis, aimables, polis, affectueux et respectueux de la famille et de la société. Je me considère non seulement comme leur mère, mais aussi comme leur amie, leur confidente, toujours à l’écoute de leurs joies et de leurs peines.

Qu’est-ce qui vous a incitée à accepter ce rôle? J’ai adoré ce rôle, qui est très beau. Le cadre est comique, mais le fond est socio-humanitaire par excellence. C’est un message destiné aux jeunes qui abandonnent leurs parents dans un asile plutôt que de les entourer d’égards dans leur vieillesse.

 

 

 

Daad Rizk et Nidale Arakji. © Archives Daad Rizk.

 

 

 

Ne pensez-vous pas que les vieux ont plutôt besoin d’un tout autre genre d’affection? Par exemple, d’un jardin public aménagé dans chaque région à leur intention, d’une salle de réunion où ils peuvent partager un repas et des jeux de société avec leurs semblables…? Très vrai. Les vieux ont besoin d’affection et de divertissement, mais au Liban, ils ont avant tout et surtout besoin de la promulgation par l’Etat de cette fameuse loi sur l’assurance-vieillesse. Bien plus qu’un besoin, c’est une nécessité primordiale. C’est le droit le plus élémentaire accordé aux personnes du troisième âge, et l’obligation la plus importante de l’Etat envers elles. Il n’est plus permis de laisser les citoyens, toutes professions confondues, mourir à la porte des hôpitaux. La santé est le meilleur capital humain. L’argent n’est qu’un moyen mais il ne fait pas le bonheur.

Quel rôle est-il le plus cher à votre cœur? Tous les rôles que j’ai joués et que j’accepte de jouer sont chers à mon cœur. Je les vis. Dans le feuilleton Habbet Caramel avec Maguy Bou Ghosn et Talal Jurdi, j’ai incarné le personnage d’une malade atteinte d’Alzheimer. Alors que dans «Ikhtarab el Hay» de Joëlle Dagher, j’ai réussi à faire pleurer le grand public. Toutefois, bien que j’excelle dans le genre dramatique, je ne me retrouve pleinement que dans le comique. Il reflète ma nature, mon âme. Indépendamment de l’âge. L’important n’est pas le nombre des années, c’est plutôt la jeunesse et la fraîcheur du cœur. J’adore mon art, que je considère comme un hobby même s’il a été réalisé sur le tard. Actuellement, mon rôle dans le feuilleton Majnoun fiki sur la LBC, a une large audience.

Qu’en est-il de votre relation avec le public? Elle est excellente. J’aime le public et le public me le rend bien. Lorsqu’on me croise dans la rue, les gens sont adorables et insistent à prendre une photo ou à dialoguer avec moi. Je suis très franche et pas du tout envieuse, une femme comblée et heureuse, et le public fait mon bonheur.

La clé du succès, à votre avis? Le naturel et la spontanéité.

 

 

 

© Archives Daad Rizk.

 

 

 

Votre principale qualité? Ma grande bonté. Elle est même excessive et susceptible de me causer parfois du tort.

Votre principal défaut? Je suis nerveuse mais je retrouve vite mon calme, comme tous les Capricorne d’ailleurs. Lorsque j’aime une personne, mon amour pour elle va jusqu’au bout, et vice-versa.

Quel conseil donneriez-vous à la nouvelle génération d’acteurs? Soyez naturelle. Chaque tranche d’âge mérite sa beauté. Les rides sont belles en vieillissant.

Un dernier mot? Je remercie Prestige pour cette belle interview, ainsi que les lecteurs et le grand public qui m’encourage et m’entoure toujours avec beaucoup d’amour. J’espère pouvoir continuer à l’honorer comme je l’ai fait jusqu’à présent. Propos recueillis par Mireille Bouabjian.

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