Myrna Murr

Prestige Numéro 62, Juillet 1998

 

C’est sans tambour ni trompette que Madame Myrna Murr est passée de la présidence de la municipalité de Bteghrine à celle de l’Union des municipalités du Metn (qui compte 30 localités). Cette simplicité, cadre d’ailleurs parfaitement avec le personnage. Une jeune femme au sourire presque timide, mais qui s’exprime avec une douce détermination.

 

 

© Prestige / Nadine Achkar.

 

«Ma première priorité c’est d’améliorer la qualité de vie des habitants du Metn.»

 

Myrna Murr a les idées claires et sait ce qu’elle veut. La fille du ministre de l’Intérieur, mère de Nayla et Michèle, a été très tôt confrontée à une vie quasi publique. «Les jours calmes», la famille recevait à la maison une vingtaine de visiteurs. Myrna a fini par s’y habituer. Et puis un jour, elle a senti qu’il était temps pour elle de se lancer à son tour dans le domaine public, celui des municipalités, parce qu’il touche à la vie des citoyens. Une vie qu’elle souhaite plus facile pour tous. Mère responsable, Myrna Murr est consciente de l’importance de l’enjeu. Son programme est à son image: d’une apparente simplicité, réalisable, il vise avant toute autre chose au bien-être des habitants du Metn.

 

Entre Myrna et le Metn, c’est quasiment une histoire d’amour.

Elle y est née et y a passé la plus grande partie de sa vie. C’est pourquoi elle chérit cette montagne fière. «Ma priorité est un développement équilibré de manière à ce que les habitants s’attachent davantage à leur région.» Pour Bteghrine et les 29 autres localités du Metn, Myrna Murr caresse de grands projets allant du reboisement à la multiplication des espaces verts ouverts aux enfants où ils peuvent circuler en toute sécurité ainsi qu’à la création de nombreux centres culturels. C’est que la nouvelle présidente attache une grande importance aux activités culturelles, qui,  occupent les jeunes et donnent un supplément d’âme à ces villages.

 

En sa qualité de présidente de l’Union des Municipalités du Metn.

Myrna Murr n’a nullement l’intention d’intervenir dans la gestion de chaque localité. «Je mettrai les projets à l’étude, et j’encouragerai chaque conseil municipal à les réaliser dans la mesure de ses moyens. L’essentiel est qu’une certaine cohérence régisse la politique régionale des municipalités. Pour les questions d’intérêt général, les voix des municipalités du Metn doivent être unifiées par conséquent plus efficaces.»

Toutefois, en face d’elle, il y aura peut-être des gens de la vieille école, hostiles à la modernisation, ne craint-elle pas les obstacles? A son sourire, on devine ce qu’elle dira: «Les défis ne m’effraient pas, les difficultés non plus. Je souhaite même convaincre un plus grand nombre de villes et de villages à adhérer à notre Union. Je sais que ce ne sera pas facile. Il est déjà quasi impossible de satisfaire tout le monde au sein d’une seule municipalité. L’union est une sorte d’association, notre travail se fonde sur le dialogue et la concertation dans l’intérêt public.»

 

Le travail d’équipe est la clé du succès

Ne craint-elle pas de manquer d’expérience face à des vétérans de l’action municipale? «L’expérience, cela s’acquiert. Le tout est d’être plein de bonne volonté. Il me semble toutefois que les difficultés résulteront du fait que les équipements municipaux n’ont pas été renouvelés depuis 35 ans et les dossiers se sont accumulés.» Cette jeune femme, placée, bien malgré elle, sous les feux de la rampe, est une inconditionnelle du teamwork. Son équipe est déjà fonctionnelle, constituée de spécialistes et d’experts en développement. Ses priorités? C’est d’une voix ferme qu’elle les énonce: «Je souhaite avant tout faciliter les formalités administratives pour les citoyens. Celles-ci doivent pouvoir être expédiées rapidement. Il est inadmissible qu’un citoyen attende des jours, voire des semaines pour obtenir un permis, un cachet officiel. Cette lenteur de la machinerie administrative est inacceptable. Nous essayerons de l’alléger au maximum, dans le respect des lois et des réglementations.»

 

Myrna et ses deux filles Nayla et Michèle Tuéni. © Archives Myrna Murr.

 

 

Sa Seconde Priorité est le respect de l’environnement.

«Le Metn est une région très belle. Je souhaite qu’elle garde son cachet particulier, tout en la conduisant sur le chemin de la modernisation. Il faut ainsi préserver les maisons de style libanais, et promouvoir cette architecture traditionnelle dans les nouveaux projets de construction. Reboiser et aménager des espaces verts, des places ombragées au sein des villages. Surtout planifier pour une infrastructure moderne, indispensable à notre époque.»

 

Sa troisième priorité consiste à sensibiliser les citoyens à «l’action municipale».

Myrna tient beaucoup à ce concept. «Les habitants à mon avis ont également des devoirs et des responsabilités envers leur lieu de résidence et il faut qu’ils en prennent conscience. Mon souci est d’«impliquer» les citoyens dans la protection de leur environnement, notamment pour les questions se rapportant à l’hygiène. Il s’agit par exemple de les habituer à placer leurs ordures à heure fixe devant leurs portes avant le passage des bennes; de nourrir leur attachement pour les arbres et la nature, bref de les amener à se sentir concernés par l’avenir écologique de leur localité. Il faudrait également un peu plus tard régler le problème relatif aux systèmes d’égouts». Naturellement tout cela ne peut être réalisé sans le dialogue. «On ne peut rien imposer par la force, aux Libanais en particulier.»

 

Grand-père comblé, le vice-président du Conseil Michel Murr entouré de ses petits-enfants. © Archives Myrna Murr.

 

«Mon père m’a conseillé de ne pas faire des promesses que je ne peux pas tenir.»

 

Quel a été le rôle de son père Michel Murr, dans ses nouvelles fonctions?

«Justement, on exige plus de moi parce que je suis sa fille. Cela ne me rebute pas et je tenterai de relever ce nouveau défi. Jusqu’à présent, mon père m’a juste conseillé de rester constante et de ne pas faire des promesses que je ne peux pas tenir. Si les gens peuvent parfois oublier le bien qu’on leur fait, ils se rappellent toujours les promesses qui n’ont pas été tenues. Il faut garder cela à l’esprit pour rester crédible.» Dès que Myrna Murr parle de son père, sa voix se remplit d’émotion. Et si l’image publique du vice-président du Conseil est celle d’un homme fort et puissant, à travers sa fille, il redevient un père affectueux et attentif.

Myrna vit d’ailleurs chez lui avec ses deux filles et elle raconte avec attendrissement que son père traite ses petites-filles comme ses propres enfants. «Avec ma mère, Sylvie, née Abou jaoudé, il a réussi à nous entourer d’amour et à préserver notre intimité familiale en dépit du fait que notre maison ne désemplissait pas. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je me rappelle d’une maison archi-comble. Amis, parents mais aussi et surtout des gens que je ne connaissais pas et qui venaient demander une faveur à mon père.»

 

L’importance de la Famille

maison archi-comble. Amis, parents mais aussi et surtout des gens que je ne connaissais pas et qui venaient demander une faveur à mon père.» En dépit de ce remue-ménage permanent, les Murr ont su entourer leurs enfants, Myrna, Léna et Elias d’amour et de sécurité. «Notre éducation a été stricte, rigoureuse, traditionnelle. J’ai d’ailleurs essayé d’inculquer les mêmes principes à mes enfants. Leur père et moi-même avons toujours tenu à donner la meilleure éducation fondée sur les valeurs fondamentales de tolérance, d’ouverture et de respect d’autrui. Evidemment, les temps ont changé mais j’essaie de m’adapter. Je ne vous affirmerai pas que le conflit de génération n’existe pas…Et il n’est plus aussi facile d’éduquer des enfants que par le passé.» Mais Myrna estime qu’elle a jusqu’à présent réussi.

«D’ailleurs, si j’ai tardé à me lancer dans le domaine public, c’est parce que j’étais d’abord une mère à plein temps, sans compter le fait que je ne trouvais pas un domaine dans lequel je sentais que je pouvais réellement m’épanouir. Ce n’est que lorsqu’il a été question d’organiser des élections municipales que s’est présentée à moi l’occasion d’agir pour le développement.»Myrna Murr précise que son frère Elias l’a beaucoup encouragée. «Nous sommes une famille très unie» déclare-t-elle. Dans tous les propos de Myrna Murr il y a quelque part, des traces de l’amour dont elle est entourée et qui lui permettra sans aucun doute de mener à bien sa mission. Propos recueillis par Bariaa Sreih.

 

 

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