Tania Kassis chante l’Amour et la Patrie

Prestige N° 256, Novembre 2014

  

Elle déborde d’énergie, d’enthousiasme, de vie et d’Amour avec un grand A. L’amour sacré de Dieu et de la Patrie, de la famille… et de l’autre. A l’occasion du 71e anniversaire de l’Indépendance du Liban, Tania Kassis offre au Casino du Liban, un cadeau de taille, un concert d’amour riche et varié, à sa manière. Plus de trois heures ont passé comme un éclair avec Tania, qui a ouvert son cœur à Prestige et lancé un cri de détresse qui est aussi un appel à l’espoir et à la paix dans son pays bien-aimé, le Liban.

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© Joaillerie: Chopard boutique Mouawad / Habits: BCBG / Coiffure: Rony Francis / Make-Up: Rania Tabet Tawil / Photographe: Bernard Khalil

 
«Le lion est mon animal préféré parce qu’il est imposant mais aussi doux comme une peluche que l’on a envie de prendre dans les bras.»
 
 

Racontez-nous «Watani», votre nouveau concert…Organisé par Cynthia Sarkis Perros, le concert, qui porte le nom de ma chanson «Watani», aura lieu les 14 et 15 novembre au théâtre du Casino du Liban. Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi cette date-là, qui tombe une semaine avant la fête de l’Indépendance du Liban. «Watani» est un message d’amour du Liban aux Libanais et à la diaspora dont la présence est forte et essentielle au pays. Le concert comprendra mes anciennes et nouvelles chansons écrites et composées par Marwan Khoury, Nizar Francis, Michel Fadel et Mike Massy, ainsi qu’une récitation d’extraits de Gibran Khalil Gibran et peut-être de Amin Maalouf. Le concert fera ensuite une tournée à Paris, Londres, Dubai, Abou Dhabi, et sera sous-titré pour permettre à un large public de comprendre le contenu.

Comment l’interprétez-vous? Le concert est un hommage particulier que je rends à mon pays. A travers des chansons, mais aussi une voix racontant l’histoire du Liban et mettant en avant l’attachement à la patrie, ce grand amour inexprimable et inexplicable. Le Liban est une histoire d’amour, une relation amoureuse, une expérience, un attachement pareil à celui qu’on éprouve envers un homme, qui peut être parfois dur et qu’on a envie de quitter. On écoute la voix de la conscience, celle de tout Libanais. Qui peut nous éloigner ou nous rapprocher du pays. Au final, un choix est à faire. Chaque personne se retrouve dans ce thème. Jadis on louait la beauté du Liban. Aujourd’hui, la mission de la nouvelle génération est tout autre.

A quelle étape votre carrière professionnelle a-t-elle pris son élan? A vrai dire, il y a eu deux grands tournants. Le premier a été le succès de l’Ave Maria Islamo-Chrétien en 2009 qui m’a fait énormément connaître au Liban mais a été un premier pas vers l’international. Et le second a été le grand succès à l’Olympia qui m’a vraiment lancée auprès d’un public plus vaste à l’international.

Comment avez-vous eu l’idée de l’Ave Maria? J’ai grandi dans une maison située à proximité d’une mosquée, à Beyrouth. En apprenant, en 2008, que l’Annonciation, célébrée le 25 mars, est devenue une fête nationale officielle islamo-chrétienne, j’ai eu l’idée de faire une prière commune aux deux religions, un Ave Maria Islamo-Chrétien, pour deux raisons. D’un côté, pour la grande vénération que j’ai pour la Vierge Marie. Et d’un autre, pour le respect que j’ai acquis en entendant quotidiennement la voix du muezzin appeler à la prière. J’ai eu l’inspiration d’unir les deux appels: «Je vous salue Marie» et «Il n’y a d’autre Dieu que Dieu».

Quel impact a eu justement l’Ave Maria Islamo-Chrétien sur le plan local et à l’étranger? L’impact national opéré par l’Ave Maria a eu lieu en septembre 2009, aux Vies Jeux de la Francophonie qui se sont déroulés au Liban. A la cérémonie d’ouverture, j’ai eu l’honneur de représenter ma ville Beyrouth en interprétant l’Ave Maria sur fond d’incantation du muezzin, Allah Akbar. L’Ave Maria Islamo-Chrétien a eu de larges échos, avec de nombreuses couvertures médiatiques au Liban et à l’étranger. Le pape Benoît XVI a même demandé une copie de cette prière commune.

Vous avez entamé votre carrière en tant que soprano. Aujourd’hui, quel titre aimeriez-vous qu’on vous donne? Soprano, c’est mon éducation, ma formation, mon titre, pour le moment. Plus tard, je serai fière et me suffirai de Tania Kassis tout court.

Vos derniers concerts sont davantage axés sur la patrie… La moitié du répertoire de mes concerts est effectivement patriotique, comme «Trabak ya Lebnan», «Ounchoudat Bayrout» ou «Jérusalem», symbole des trois religions monothéistes. Entre autres. Mais mon répertoire est varié. Je chante ce que je suis, je chante mes expériences, l’amour, la joie de vivre, le chagrin…

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© Joaillerie: Chopard boutique Mouawad / Habits: BCBG / Coiffure: Rony Francis / Make-Up: Rania Tabet Tawil / Photographe: Bernard Khalil

«J’aurais aimé être Eva Peron qui a marqué l’histoire de l’Argentine de son empreinte.»

Vous faites désormais partie du club des grandes vedettes qui ont honoré leur pays à Paris et à Sydney. Quel public a-t-il été le plus en communion avec vous? Deux publics m’ont marquée. D’abord à l’Olympia, à Paris, sur cette scène prestigieuse qui a accueilli des stars internationales, j’ai présenté mes chansons qui mêlent l’Orient à l’Occident, qui est un peu ma signature. La communion avec le public a été très forte. A l’heure de mon entrée en scène, l’attentat d’Achrafieh était encore tout frais. Le public avait le moral à zéro. La fusion avec le public m’a profondément émue, fusion des cœurs et des esprits, dans une communion parfaite. D’ailleurs, je n’oublierai jamais la récompense que le public m’a réservée, la plus longue ovation que j’ai jamais connue. J’ai eu droit à quatre standing ovations, au cours du concert. A la clôture, j’ai interprété avec beaucoup d’émotion la chanson «Trabak ya Lebnan» composée pour moi par Elias Rahbani, et le public a été très réactif.

Et qu’en est-il du public de Sydney? L’Olympia de Paris et l’Opéra de Sydney sont les deux scènes mondiales les plus impressionnantes. En Australie, le concert a déchaîné l’enthousiasme du public, majoritairement libanais, qui était emballé tout le long du concert, participant activement au rythme de chaque chanson sur le Liban. Cette diaspora qui est si loin a tellement soif de son pays. J’ai ressenti l’émotion à son comble pendant la chanson «Watani» que j’interprétais là-bas pour la première fois. L’Opéra de Sydney étant un lieu visité par des touristes du monde entier, il y avait donc parmi le public des Chinois et des Asiatiques qui ont été à leur tour emballés par la musique sans trop comprendre les paroles. Pour moi, c’était le plus beau témoignage.

Comment l’art peut-il contribuer à la paix? La musique est un langage universel qui rassemble toutes les cultures. Beaucoup de choses sont exprimées et transmises à travers la musique, qui  réveille des émotions, rappelle des souvenirs, nous fait rêver. C’est un outil susceptible de nous transporter de la réalité au rêve. Je n’oublierai jamais le message d’une femme estonienne qui était émue jusqu’aux larmes en entendant la chanson «Watani», qui lui a rappelé son pays.

Quelle mission confieriez-vous aux jeunes envers leur patrie? Les jeunes doivent croire en leur pays, apprendre à se respecter les uns les autres, et à refuser catégoriquement le recours à la violence et à la guerre. Nous avons besoin d’une ouverture aux autres, d’un temps pour les écouter et les comprendre.

En plus de l’Ave Maria, vous avez des chansons à vous… Les gens ont découvert «Ounchoudat Bayrout», musique de Fabrice Mantegna, chanteur du groupe ERA, «Chou Ma Sar», «Rajaa», «Jérusalem» de ma propre composition, «L’Amour est un Tango» en français et espagnol, ainsi que plusieurs textes des chansons de mon album «Oriental Colors». La diversité de cet album témoigne de la richesse musicale que j’ai acquise à Paris, mais aussi de la nostalgie et la joie du retour au bercail. Mon répertoire comprend des chansons composées par Elias Rahbani, Marwan Khoury, Michel Fadel, et de nouvelles collaborations avec Nizar Francis et Mike Massy.

«J’apprécie l’homme sensible, affectueux, attentionné et fier de mon travail.»

Avez-vous un nouvel album en perspective? Un nouvel album est actuellement en voie de préparation. Il inclura les nouvelles chansons de «Watani» et d’autres. Sa sortie est prévue entre l’été et la fin de l’année 2015.

Quelle est votre source d’inspiration? Toutes les personnes qui m’entourent m’inspirent. Je suis très honnête dans mes chansons et je puise mon inspiration dans ma vie quotidienne et dans mes rapports avec les gens.

Votre principale qualité? Je suis déterminée et persévérante.

Et votre principal défaut? Têtue, mais souvent à juste titre (rires).

Avez-vous une phobie? Oui. La perte de mes parents.

Que détestez-vous par-dessus tout? L’hypocrisie.

Votre obsession? Le Liban.

Quelle est votre devise dans la vie? Rendre les gens heureux autour de moi.

Qu’appréciez-vous le plus en vos amis? Leur confiance et leur compréhension. Mes amis sont effectivement très proches de moi.

Le mariage, aux yeux de Tania? En tant que personne croyante, j’accorde une grande importance au mariage et au couple. C’est un engagement sérieux. L’enfant est le résultat de toute la symbolique du mariage, c’est très beau. Le couple se complète à travers les enfants qui assurent la continuité. Mais aujourd’hui le mariage me fait peur. C’est un grand point d’interrogation. J’ai vécu beaucoup d’expériences. Le couple peut être très amoureux. Mais il suffit d’un premier obstacle pour l’éloigner l’un de l’autre. Je ne mets pas la pression sur le mariage, bien que nous ayons envie, à un moment donné, de tout partager avec quelqu’un.

Quelle est votre conception du bonheur? Le mariage doit signifier bonheur. Pour le défi, je dirais que ce sont des moments partagés. Avec mon Créateur, ma famille, mes amis, mes expériences, mes sorties, ma joie de vivre, mes élèves, les émotions sur scène, tous ces moments font mon bonheur.

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© Joaillerie: Chopard boutique Mouawad / Habits: BCBG / Coiffure: Rony Francis / Make-Up: Rania Tabet Tawil / Photographe: Bernard Khalil

«Je donnerai mon concert Watani, les 14 et 15 novembre au Casino du Liban, avant la fête de l’Indépendance.»

Quels sont vos hobbies? La danse, en premier. J’ai découvert le tango lors d’un voyage en Argentine. J’ai été invitée à trois soirées où régnait l’amour du tango. Depuis, c’est devenu une passion, car il y a toute une technique dans cette danse et beaucoup d’élégance. D’habitude dans mes concerts à l’étranger, je dédie une chanson au pays hôte, dans la langue du pays. Pour l’Argentine, j’avais préparé une chorégraphie spéciale qui a été très appréciée. A part la danse, il y a bien sûr les voyages, le ski et tous les plaisirs qui l’entourent, la fondue, la cheminée, le bon vin, tout un environnement.

Quels sont vos projets d’avenir? L’année 2015 est riche en projets. Je souhaite tourner le monde avec «Watani», mon nouveau concept. Je porte aussi dans mon cœur l’Organisation One Lebanon que je préside et qui a inspiré toute une génération.

De quoi rêvez-vous aujourd’hui? Je rêve que tout enfant ait l’opportunité de vivre mon expérience. Je refuse de savoir de quelle confession est l’autre. Les tensions confessionnelles sont politiques. Au quotidien, nous vivons un vrai dialogue des religions. Il est impératif d’être soudés et que chrétiens et musulmans se tiennent la main pour faire face au danger. Le Liban est un pays pacifique qui aspire à une paix définitive et durable.

Dans quel pays aimeriez-vous vivre? Il n’y a aucun pays idéal ou parfait sur la Terre. J’ai longtemps résidé en France mais j’ai finalement choisi de retourner définitivement au Liban et de vivre dans ce pays, qui est le mien, le vôtre, et celui de toute personne qui aime et s’attache profondément et honnêtement à sa patrie. Il suffit de le vouloir, tout simplement. Propos recueillis par Maria Nadim

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