Carlos Ghosn Histoire d’une réussite

Prestige N° 286, Octobre 2017

A 63 ans, Carlos Ghosn, P.-D.G. de l’Alliance Renault-Nissan et président du Conseil d’administration de Mitsubishi Motors est un Libanais «multiterrestre», comme il aime à se qualifier lui-même. Difficile d’enfermer ce manager polyglotte, multiculturel, dans une catégorie déterminée. On le surnomme le «spécialiste des restructurations», le «samouraï», et il ne pense jamais comme les autres. Sa personnalité inédite et attachante, les événements qu’il a courageusement affrontés et l’image qu’il renvoie se conjuguent pour bâtir un destin hors norme. Son origine y est pour beaucoup. Il y a également sa présence, son regard étrange qui capte immédiatement l’attention et son élocution particulière… Il n’a pas son pareil pour clarifier en peu de mots une situation complexe. Mentalité à l’américaine, esprit de discipline à l’européenne, il est direct, précis, sans fioritures, alliant grandeur et modestie. Parcours d’un Libanais exceptionnel.

 

 

«Mes racines libanaises m’ont permis dès le départ d’accepter la différence pour en puiser force et richesse…», a déclaré Carlos Ghosn au cours de la cérémonie du lancement par la poste libanaise d’un timbre à son nom.

 

Août 2017. Au cours d’une grande cérémonie, LibanPost a dévoilé le nouveau timbre émis en l’honneur de Carlos Ghosn.

 

Le président de LibanPost Khalil Daoud et le ministre Jamal Jarrah remettant à Carlos Ghosn une plaque commémorative.

 

 

Ramzi Raad, Tarek Khalifé et Khalil Daoud.

 

 

On reconnaît à droite Carole Carlos Ghosn.

 

Juin 2000. Lors de sa première visite au Liban en tant que CEO de Nissan, Carlos Ghosn a donné une conférence de presse en présence du président du Syndicat des Rédacteurs, feu Melhem Karam, et de la famille Rasamny.

 

© Archives TBWA / RAAD

 

Juin 2000. Première rencontre de Carlos Ghosn avec les agents de Nissan dans les pays du Golfe, organisée dans les bureaux de TBWARAAD à Dubai.

 

 

Comme le veut la tradition, Carlos Ghosn a ajouté une brique sur le mur des clients de TBWARAAD. © Archives TBWA / RAAD

 

 

Janvier 2001. Carlos Ghosn reçoit les insignes De Commandeur de l’Ordre National du Cèdre du président Emile Lahoud.

 

 

Août 2001. Dîner donné par Ramzi et Nimat Raad en l’honneur de Carlos Ghosn à leur domicile à Broumana, pour lui présenter Les médias libanais.

 

Ramzi Raad et Carlos Ghosn. © Archives TBWA/RAAD.

 

Carlos Ghosn, feu Antoine Choueiry, Rida Raad et Marcelle Nadim. © Archives TBWA/RAAD.

 

 

Mai 2002. Carlos Ghosn est nommé «Advertising Man of the year» au Congrès international de l’IAA à Beyrouth.

 

Ramzi Raad modérateur, Carlos Ghosn et Jean-Marie Dru président et CEO de TBWA/Worldwide, conférenciers. © Archives TBWA/RAAD.

 

A cette occasion, Ramzi Raad a donné un déjeuner pour Carlos Ghosn, à l’Eau de Vie de l’hôtel Phoenicia.

 

Juin 2003. L’Université Américaine de Beyrouth a accordé un doctorat honoraire PHD à Carlos Ghosn.

 

Juillet 2003. Test Drive de la voiture Nissan Patrol dans le désert Rub’ al-Khali ou «Quart vide».

 

Décembre 2003. Carlos Ghosn signant l’ouvrage «The Turnaround» qui raconte comment il a réussi à sauver Nissan de la faillite.

 

 

Carlos Ghosn visitant les bureaux de TBWA/RAAD à Dubai.

 

Novembre 2006. Carlos Ghosn offre l’Equipement du laboratoire d’informatique

au collège N.D. de Jamhour, où il a fait ses études.

 

RP Salim Daccache recteur de l’USJ, Carlos Ghosn et le ministre Michel Eddé. © Archives TBWA / RAAD

 

 

L’histoire de Carlos Jorge Ghosn commence le 9 mars 1954 à Porto Velho, au Brésil, où il naît dans une famille maronite d’origine libanaise. A 2 ans, il tombe malade, et comme son état de santé demeure sans amélioration jusqu’à l’âge de 6 ans, sa mère décide de l’emmener à Beyrouth. Au Liban, il est scolarisé chez les Pères Jésuites au Collège Notre-Dame de Jamhour, jusqu’à la fin des études secondaires. A 16 ans, il suit au Collège Stanislas et au Lycée Saint-Louis, à Paris, les classes préparatoires avant d’intégrer, en 1974, la fameuse Ecole Polytechnique, puis l’Ecole des Mines de Paris, dont il obtient les diplômes d’ingénieur. En 1978, Carlos est recruté chez Michelin, le géant européen de pneus. Une carrière de 18 ans durant lesquels il suit une formation dans les usines en France et en Allemagne. En 1981, il est nommé directeur de l’usine du Puy-en-Velay et devient, en 1985, responsable du département de recherche sur les pneus industriels et agricoles au centre de recherche Michelin de Ladoux, Puy-de-Dôme. Nommé responsable des opérations Michelin au Brésil, il est chargé, en 1985, de redresser une situation difficile due à un contexte économique défavorable et à l’inflation. Carlos élabore un plan de redressement fondé sur une restructuration sévère exigeant la fermeture de deux usines et la réduction des effectifs, deux principes fondamentaux qu’il appliquera dans tous ses plans de réforme. Mais l’organisation rigide et les barrières culturelles représentaient à ses yeux des obstacles beaucoup plus importants que la situation économique. Des équipes de gestion de différentes nationalités et cultures sont alors formées pour trouver les solutions les plus efficaces. En deux ans, les opérations de Michelin au Brésil retrouvent leur rentabilité. Les bases du style de gestion multiculturel de Carlos sont établies. En 1989, nommé président et responsable des opérations de Michelin en Amérique du Nord, il s’installe avec sa famille à Greenville, en Caroline du Sud, et planifie, un an après, l’absorption d’Uniroyal Goodrich par Michelin. La fusion avec Uniroyal est lourde de dettes pour le groupe français, mais Carlos opère une restructuration sévère, dont une réduction drastique des effectifs. Le résultat est surprenant: Michelin devient le plus grand fabricant de pneus au monde.

En 1996, Carlos intègre Renault en tant que directeur général adjoint, responsable des activités du groupe dans le Mercosur. En 1993, le groupe avait échoué dans ses négociations de fusion avec Volvo et perdait des parts de marché, affichant un déficit de quelque 6 milliards de francs français. Carlos dresse un plan draconien de réduction de coûts, d’augmentation de la gamme de voitures et des mesures d’adaptation des effectifs. Début 1998, le constructeur français annonce un bénéfice de 5,4 milliards de francs et en juillet 2000, Renault et Volvo signent un accord de création de Volvo Global Trucks, devenu le deuxième groupe mondial de constructeurs de camions.

Pour former l’Alliance Renault-Nissan, Ghosn gère en 1999 la prise de participation de Renault dans Nissan à raison de 36,8%, tout en gardant son poste chez Renault. Nommé président en 2000 et P.D.G. en 2001, il devient la quatrième personne de nationalité étrangère à diriger un constructeur automobile japonais après Mark Fields pour Ford, Henry Wallace et James Miller pour Mazda. A cette époque, Nissan Motors était au bord de la faillite, avec une dette nette de 2,1 billions de yens (plus de 20 milliards de dollars). En octobre 1999, Ghosn s’engage dans un plan de redressement de Nissan visant un retour à la rentabilité dès 2000, une marge opérationnelle de plus de 4,5% du chiffre d’affaires et la réduction de 50% de la dette en 2002. En cas d’échec, il démissionnerait avec le Conseil d’administration. Ghosn prend des décisions jugées révolutionnaires au Japon: implication de tous les employés dans des groupes de travail pour trouver des solutions à l’interne, politique de performance plutôt que les postes à vie, réduction de 14% des effectifs, fermeture de cinq usines japonaises avec cession des actifs. En dépit d’une conjoncture internationale défavorable, le groupe annonce en 2000 une exploitation en hausse de 134%. En 2003, la dette est entièrement remboursée et un deuxième plan triennal fait de la firme japonaise l’un des groupes les plus rentables au monde avec un bénéfice de 3,8 milliards d’euros.

En 2001, Carlos Ghosn est P.D.G. de Nissan et le 6 mai 2009, président du Conseil d’administration de Renault. En octobre 2016, il est nommé président du Conseil d’administration du groupe Mitsubishi Motors, visant à redresser le groupe japonais. Désormais, l’association de Renault, Nissan et Mitsubishi se situe au 4e rang mondial des constructeurs automobiles, après Toyota, Volkswagen AG, et General Motors. Ainsi dix-neuf ans après son arrivée chez Renault, dix-sept ans après sa prise de pouvoir chez Nissan, ce chef d’entreprise, patron charismatique et ambitieux, est bel et bien le seul maître chez lui. Il avoue avoir «réussi à marier différentes cultures: française, japonaise, chinoise, russe et autres…». «Tout cela a été rendu possible grâce à mes racines libanaises qui m’ont permis dès le départ d’accepter la diversité et la différence pour en puiser force et richesse», affirme-t-il. Au cours d’une grande cérémonie organisée au Yacht Club, à Zaitunay Bay, LibanPost, la société postale nationale a dévoilé le nouveau timbre émis en l’honneur de Carlos Ghosn, figure emblématique d’un chef d’entreprise originaire du pays du Cèdre. Placé sous le patronage du Premier ministre Saad Hariri, l’événement a rassemblé une large palette de personnalités du monde politique et des affaires, ainsi que des figures médiatiques et sociales autour du P.D.G. de Renault-Nissan et Mitsubishi Motors et de sa famille.

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