Prestige Nº 283, Fév. Mar. Av. Mai 2017

 

C’est la passion qui anime ce pianiste de concert, philanthrope et professeur de piano. Né au Mexique, Jorge Viladoms a découvert son amour pour le piano à l’âge de 15 ans, avant de s’installer en Suisse pour perfectionner son art. Aujourd’hui, il joue sur les plus grandes scènes internationales. Prestige a rencontré l’ambassadeur de la marque Jaeger-LeCoultre à Genève pour parler de sa passion pour la musique, de la façon dont elle a changé sa vie et de son prochain concert au Liban dans le cadre du Festival Al Bustan, le 7 mars.

 

 

Jorge Viladoms, ambassadeur de Jaeger-LeCoultre. © Jaeger Le-Coultre

 

«La musique a été une évasion qui a complètement changé mon destin …»

 

Parlez-nous de votre carrière de pianiste … Comment avez-vous attrapé le «virus du piano»? Tout a commencé d’une manière très particulière. Quand les gens parlent d’un musicien classique, ils pensent généralement à l’enfant qui commence à un très jeune âge. Dans mon cas, c’est très différent. J’ai commencé à apprendre à jouer du piano à 15 ans au Mexique, après le décès de mon père. J’ai trouvé à travers le piano et autres genres d’art, comme l’écriture, un refuge de toutes les questions relatives à l’existence que je me posais. La musique était une évasion qui a totalement changé mon chemin. J’ai commencé à 15 ans avec une très vieille femme qui me donnait des cours privés chaque samedi. J’aimais jouer du piano. A l’âge de 18 ans, je suis allé rendre visite à mon frère en Suisse où j’ai rencontré un de ses amis, un violoncelliste, qui m’a emmené au Conservatoire de Musique de Lausanne. J’ai été fasciné par la beauté de l’endroit. On m’a permis d’y étudier parce qu’ils ont remarqué combien j’étais passionné de musique, que je jouais de tout mon cœur … C’est ainsi que j’ai réalisé que c’était ma vocation. J’ai commencé à travailler beaucoup pour améliorer les lacunes que j’avais. A 24 ans, j’ai fini mon master à Lausanne puis je suis allé à Zurich où j’ai obtenu mon second master, âgé de 26 ans. C’est à ce moment-là qu’on m’a proposé un poste de professeur au Conservatoire de Lausanne.

Était-ce parce que la musique vous a aidé dans vos moments difficiles que vous avez décidé de créer votre fondation «Crescendo con la Musica»? Parce que la musique a changé ma vie, je savais que la musique pourrait changer une vie. La musique est ce qui m’a fait comprendre ce que je voulais faire, aider les enfants. L’idée de créer une fondation était dans ma tête depuis que j’étais un petit enfant parce que ma mère aidait toujours les enfants d’un orphelinat au Mexique. J’ai vu comment elle se donnait cœur et âme pour ces enfants, et j’ai vécu toutes ces situations avec elle. L’empathie était une valeur très importante dans notre famille. Mon père était un chirurgien ce qui explique tout. Quand je suis venu en Suisse, je me suis adapté très facilement dans ce pays où on ne voit pas d’enfants dans les rues. Vous ne voyez pas les bidonvilles comme ceux du Mexique. J’ai passé 4 ans en Suisse sans retourner au Mexique. Alors quand je suis enfin rentré à la maison, j’ai vu ces enfants de 6 ans peints comme des clowns dans les rues. Je ne pouvais pas le supporter. J’ai décidé de faire quelque chose pour aider ces enfants. Mon travail au Conservatoire m’a donné une sécurité financière, c’est un travail pour la vie. J’ai eu de la chance parce que c’est un travail de rêve d’être professeur dans cette institution. Deux semaines après avoir obtenu le travail, j’ai commencé à créer la fondation par laquelle je voulais donner espoir et un but pour les enfants dans les pays pauvres. La musique met du sens dans leur vie, je ne peux pas leur donner plus que cela, mais c’est un bon moyen d’aider.

Quelles sont les différentes réalisations de votre fondation? Le but de la Fondation Crescendo con la Musica est de donner accès à la musique aux enfants qui vivent dans la pauvreté au Mexique, en leur offrant la possibilité de posséder un instrument et d’acquérir une formation musicale de qualité. Notre premier projet a débuté en 2013 à El Centro Educativo la Barranca à Guadalajara, au Mexique, où nous avons présenté la musique classique aux 360 élèves de cette école. Nous avons collecté 100 instruments d’Europe et leur avons donné une seconde vie. Nous avons des pianos, un piano à queue, 31 violons, violoncelles, clarinettes, flûtes. Nous avons embauché des enseignants que nous payons bien, avec la sécurité sociale pour les motiver à faire leur travail. Nous avons également lancé un projet au Kenya où il ya 89 enfants. Nous échangeons des professeurs entre la Suisse et le Mexique. Nous donnons également des bourses d’études.

 

 

Maria Nadim et Jorge Viladoms.

 

 

Qu’y at-il de plus important dans un concert, la technique ou l’émotion? Je pense que les gens confondent la technique et la performance. Pour moi la technique est quand vous jouez lentement, comment vous utilisez les pédales, les différents niveaux sonores que vous jouez, la tension que vous voulez donner à une phrase, vous devez essayer d’arriver à la meilleure interprétation de la façon dont la pièce que vous jouez doit se faire entendre.

Vous êtes l’ambassadeur de la marque Jaeger-LeCoultre. Comment s’est développée votre collaboration avec Jaeger-LeCoultre? Quand je suis arrivé en Suisse, j’ai vu l’importance des montres dans ce pays et j’ai appris à apprécier ces chefs-d’œuvre. J’ai même eu la chance de visiter Baselworld avec un ami mexicain qui était un passionné de montres. Puis j’étais au Mexique en train de donner une conférence pour une revue, quand j’ai été approché par Jaeger-LeCoultre et informé qu’ils cherchaient quelqu’un pour représenter la marque. J’ai accepté directement!

Quelles sont les valeurs que vous partagez avec Jaeger-LeCoultre? La valeur la plus importante qui anime la maison Jaeger-LeCoultre est la passion, que j’ai remarquée lors d’une collaboration avec eux. Quand j’ai rencontré Christian Laurent à la manufacture, je pouvais voir la passion dans ses yeux. Ils travaillent tous avec passion sur leur Grande Complication et tous leurs garde-temps. Comme le temps, la musique est un concept impalpable. Nous devons le créer, pour le faire exister dans le flux, je partage aussi avec Jaeger-LeCoultre la responsabilité sociale. Ils organisent un gala de collecte de fonds à Genève pour la fondation.

Quelle est votre relation avec le temps? Je suis stupéfait face au flux du temps, et je voudrais vivre chaque instant.

Le temps, la précision et l’émotion caractérisent les montres Jaeger-LeCoultre, mais aussi votre musique … Quand je joue dans un concert, je remarque que le temps passe plus lentement, je ne sais pas pourquoi, mais maintenant j’ai appris à jouer plus vite. C’est parce que je suis si concentré dans un concert. C’est la même chose avec les montres. J’ai vu un des horlogers qui a travaillé sur une montre Grande Sonnerie avec la mélodie du Big Ben pendant onze mois.

 

 

Jaeger-LeCoultre, Atelier Reverso montre avec cadran œil du tigre, personnalisée pour Jorge Viladoms et gravée sur le dos, avec la phrase «Là où est la musique, il n’y a pas de place pour le mal». © Jaeger-LeCoultre

 

 

Les répéteurs de musique et les montres Grande Sonnerie vous attirent plus que les autres montres à cause de la mélodie du temps? Oui (rires). J’aimerais avoir la mélodie de Clair de Lune de Claude Debussy dans une des montres Jaeger-LeCoultre (rires).

Y a t-il des projets futurs avec Jaeger-LeCoultre? Oui! J’aimerais explorer ce défi de Clair de Lune dans une Grande Sonnerie (rires). L’intérieur d’un piano et l’intérieur d’une montre ont tellement en commun avec tous ces mécanismes impliqués. On peut faire un court métrage. C’est une belle relation.

Quels sont vos projets futurs? Je viens de terminer l’enregistrement de mon nouvel album, From Latin America to Paris, où je suis accompagné par Lionel Cottet, violoncelliste suisse. Il sortira en juin avec Sony Classics. Il s’agit d’une collection de pièces composées par des compositeurs latino-américains, tous ayant vécu à Paris pour un certain temps, ainsi que des mélodies de compositeurs français comme Debussy et Ravel. Nous serons également en tournée à travers le monde. Et gardez la date! Nous serons au festival de musique Al Bustan au Liban le 7 mars. J’attends avec impatience … Propos recueillis à Genève par Maria Nadim

 

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